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Petit détour par Sorel

Ne soyez pas offusqués Sorellites… Sorellien… Sorellienne? Mmmmhh… citoyens de Sorel? (Ok après un appel à la ville, on me confirme Sorellois / Sorelloise!) Je titre « petit détour » parce que la ville n’est située aux abords d’aucun axe routier important.

– Ben là… l’autoroute 30?

– Vous êtes au bout de l’autoroute 30. On ne peut pas arrêter en passant par l’autoroute 30, on commence ou on finit là!

– D’accord. Et la route 132?

– La route 132 c’est joli.

– Et c’est pas important?

– Ouf! La discussion relativiste qui commence… quittons tout de suite.

N’empêche, sur l’autoroute 20, de Québec vers Montréal, juste après Drummondville, on vous annonce Sorel. Je sais que ce n’est pas à côté du tout. Mais moi j’aime bien, quand on annonce quelque chose, aller voir, quand je peux. Mon côté voyeur j’imagine, ou humain tout simplement. Donc en route pour Sorel en passant par champs et villages!

– Qu’est-ce qu’il y a à voir à Sorel? (Ça c’est moi imitant la voix de ma blonde.)

– Bah je sais pas.. la rivière Richelieu rencontrant le fleuve St-Laurent?

– Oui c’est ça… envoye crache le morceau. Quelle microbrasserie à Sorel?

– Hen!? Ah non! Je suis découvert! … Ok, c’est le Loup Rouge.

Ma blonde me connaît. J’aime bien aller voir, juste comme ça, des microbrasseries un peu partout où je passe presque. (Comme là sur l’autoroute 20, on passait « presque » par Sorel, avec du temps plein les poches donc pourquoi ne pas aller s’arrêter?. Ou sinon, en descendant au New Hampshire l’autre jour, on passe un peu par le nord du Vermont, profitons-en donc pour aller arrêter par la Hill Farmstead Brewery. Ok ça c’est une autre histoire, une autre fois peut-être.) Ça faisait déjà un temps que j’avais envie d’aller voir ce qui se passait au Loup Rouge. Samedi, fin d’après-midi, tout est calme dans Sorel. On ne sait pas c’est où le Loup Rouge, on le trouve pareil. On est de même nous autres. Au menu ce jour-là, six bières maisons et quelques invitées.

– On va les prendre toute madame s’il vous plaît.

Toutes les bières sur un joli support à dégustation

De leur artisan brasseur: Joe-les-boeufs, FAST, Saison du Loup, Maisouna, MacKroken Flower et Chapeau Noir. Dans le lot, vous aurez remarqué la Mac, oui c’est la même scotch ale que celle dont j’ai parlé la semaine dernière (à quatre mois de vieillissement en baril près). Il paraîtrait que la recette émane du brasseur du Loup Rouge qu’il la brasse aussi pour le Bilboquet, c’est la serveuse qui me l’a dit. Sinon, mes coups de coeur: Joe-les-boeufs et Chapeau Noir.

Joe-les-boeufs est une bière blonde forte de style belge. Beaucoup de rondeur, d’épices, une petite chaleur d’alcool et une merveilleuse finale amère sèche de houblon. J’aurais bien aimé en apprécier quelques verres pendant la soirée, mais bière à 8% en grande quantité et conduite automobile ne vont pas très bien ensemble… Chapeau Noir de son côté est une stout à l’avoine et au lactose. L’avoine ajoute normalement un côté onctueux à la bière noire. Ici, on ajoute aussi un petit côté sucré venant du lactose.

(Petite parenthèse pour parler de lactose. Il ne s’agit pas ici de mettre du lait dans la bière. Le lactose est un sucre, aussi présent dans le lait, que l’on peut ajouter dans notre brassin, mais qui n’est pas fermenté par les levures à bière. Au lieu d’être transformé en alcool, il reste donc présent dans le produit final lui donnant une certaine touche sucrée.)

Chapeau Noir, dans le noir, c'est pas le Loup Rouge qui est sombre, ce sont mes photos...

La Chapeau Noir on disait donc, est un dessert, dans la bouche, un mélange de tiramisu et de crème brûlée. On parle surtout des arômes et saveurs de ces desserts plus que de leur lourdeur. Cette bière n’est pas lourde, à peine sucrée. Un mélange de richesse et de subtilité. L’onctuosité de l’avoine est bien présente avec les notes de chocolat et de cafés et tout le reste susmentionné. Non, aucun regret, ça vaut amplement le détour et tout le temps pris pour s’arrêter.

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N’importe lequel jeu de mot poche avec « brun »

Ça faisait plusieurs mois que je regardais ces bières dans ma réserve en ayant hâte de les ouvrir.

Je vous explique. Au printemps 2011, j’ai passé 6 mois en Angleterre. J’ai arpenté une partie du pays en quête de bonnes bières (en réalité, j’étais là pour mes études, mais ça, c’est accessoire). Lorsque mon beau-frère est venu nous rejoindre à la fin du voyage, je lui ai demandé de m’emmener une Corps Mort de À l’Abri de la Tempête et une Péché Mortel de Dieu du Ciel. Je les ai offertes au Ghost Drinker, un gars de Leeds qui travaille dans un des meilleurs magasins de bière d’Angleterre, le Beer Ritz, et qui blogue sur la chose de la bière. (D’ailleurs, le gars a parlé de ces deux bières québécoises sur son blogue, et oubliez son intro svp, je ne suis pas « gros », même pas « enrobé »). En échange, il m’a donné deux trucs qui trônaient sur ses tablettes: une Ola Dubh de Harviestoun vieillie en fût de scotch whisky Highland Park 40 ans et une Imperial Brown Stout de la Kernel Brewery de Londres. Ils appellent ça un « beer swap ». Imaginez, je ne pensais pas recevoir rien en échange, je voulais juste lui donner de bons trucs québécois parce que les seules bières canadiennes auxquels ils ont accès depuis quelque temps, ce sont les produits Moosehead… triste… oh oui. (Dieu du Ciel, where you at?) J’étais donc tout excité quand Ghost Drinker m’a donné ces deux bières.

Ghost Drinker: – There… youre stuff look like big beers. This one and this one should do.
Moi: – What’s that for?
– It’s a beer swap, you bring me some, I give you something in exchange.
– What? Jesus! Yeah!

J’ai rapporté ces bières au Québec. Le concept c’est que je devais les ouvrir en présence du beau-frère parce que c’est grâce à lui que je les possède (oh oui possède). On a donc ouvert ça un soir de week-end récemment. Comme nous allions être plus que juste moi pis le beauf, j’en avais aussi profité pour apporter quelques petits trucs qui traînaient dans mes affaires pour accompagner les deux bouteilles. Ce fut une soirée sous le thème du brun.

oui oui, le flash, je sais

Ça commence avec la McKraken Flower vieillie en fût de chêne de la brasserie Bilboquet de St-Hyacinthe, une scotch ale au miel. Je ne sais pas s’il en reste sur les tablettes des détaillants, si oui, achetez. C’est la bouteille officielle des prochaines froides nuits d’hiver. Un corps pas trop lourd, présence d’alcool marquée, et du chêne, du chêne. Il y a beaucoup de chêne dans cette bière, mais ne vous inquiétez pas, ce n’est pas trop, c’est juste beaucoup. Servie pas trop froide s’il vous plaît. Elle réchauffe le coeur. Imaginez-vous étendu sur une peau d’ours à côté d’un foyer jouant une partie d’échec avec un ou une aristocrate, rien de moins. Lorsque vous rentrerez à la maison après avoir joué toute la journée dans la neige avec les amis (ou dans la slush brune, Montréal je veux vous entendre crier), c’est cette bouteille qu’il faudra partager. Je répète, température chambre froide, pas plus froid, pour qu’elle vous réchauffe les tripes.

L’Imperial Brown Stout de la Kernel Brewery de Londres (je vais vous parler de cette brasserie une autre fois, soyez rassurés) est arrivée dans nos verres après. De la matière, c’est important. Je la mâchais, mais délicatement, c’était soyeux. Imaginez la texture d’un chocolat chaud, un vrai chocolat chaud, mais changez le goût par du café, pas corsé, un goût velouté. Même la mousse était une mousse de cappuccino. Une texture incroyable, un goût exquis. Ça venait en petite bouteille. Il y en avait une. Nous étions huit mille. Mauvais ratio…

Qu’est-ce qui peut se passer après ça? L’ouverture d’une autre petite bouteille, mais qui vient dans une boîte celle-là, la Harviestoun. Une grosse bière brune très foncée de 8% vieillie en fût de Highland Park 40 ans. Levez la main ceux qui ont goûté au Highland Park 40 ans? Bon rapidement, un vieux scotch après 20/25/30 ans de vieillissement en baril prend des goûts caractéristiques auxquels on est moins habitué, nous, le peuple, parce qu’on est pauvre. Des goûts de truffe, de doux cuirs, de moisissures qu’on apprend à aimer, ça varie d’un scotch à l’autre. La Ola Dubh 40, c’est un peu de rôti, très légèrement de chocolat vanille, une complexité de truffes et de chaussettes sales (ok parenthèse, arrêtez-vous un instant, deux choses: 1. ce côté chaussettes sales ici est positif, comme un vieux fromage vous comprenez; 2. cette complexité est très effacée et subtile comparée aux notes plus dominantes de « noire en baril = café + chocolat + vanille »; voilà, continuez). Ce n’est pas corsé, ce n’est pas chargé, c’est limpide. Ce milieu de bouche nous permet d’apprécier la profondeur des arômes. C’est là toute la qualité de la Ola Dubh, avoir réussi à offrir un juste milieu entre la noire standard et l’impériale pour que la bière s’imprègne de ces juteux barils et délivre le tout à notre palais sans être masquée par la matière.

La dernière bière est un accident (oui dans une bouteille de Grande Armada Réserve de Benelux, bravo aux deux geeks en avant ici qui l’auront reconnue, mais attention, ce n’est pas du tout ce qu’il y a dedans!). Quelqu’un qui se présente dans la chambre froide et choisit la mauvaise bouteille. Dans nos verres, un truc qui se situe entre une porter légère et un black IPA. Ouais, c’est plus rafraîchissant que les derniers trucs, plus d’acidité, pas mauvais, mais sans aucune complexité ou profondeur quelconque. En fait, ça n’a rien à voir dans cette soirée-là. Cette bière, c’était ma dernière création, en fait ma première bière brassée tout grain et la première qui soit buvable et agréable. Voilà, c’était un accident, fier quand même que le monde présent soit plus enthousiaste que réticent! Mais je n’en parlerai pas comme j’ai parlé des autres, ce n’est pas le but ici. Je me la pète un peu, mais pas trop.

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