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Les échanges internationaux

Oui oui, il s’agit de l’article que j’ai écrit pour ÇaBrasse.ca!

Si vous avez lu cet article, vous savez que pour remercier un bloggeur de Leeds de m’avoir aiguiller sur les meilleurs bars de sa ville dans le domaine de la bonne bière au travers de son blog, je lui ai amené à l’époque deux des très bonnes bières que  nous avons au Québec, à savoir la Péché Mortel et la Corps Mort. Il avait alors répliqué en m’offrant deux excellentes bières de son île. Allez lire l’article, vous verrez ben.
Cette année, une amie s’en allait vivre l’aventure à la même université que moi l’an passée. J’en ai profité pour lui demander d’apporter quelques perles à mon pote d’Angleterre. Grande Armada Réserve du Benelux, Gaz de Course du Brouhaha et Porter Baltique des Trois Mousquetaires. J’ai dit à celui-ci en échange de remettre des bières à la dame selon ses goûts pour la remercier d’avoir transporter tout ce liquide. Mais bon, la vie fait pas toujours ce qu’on attend d’elle, mon amie québécoise a insisté pour que l’échange me soit destiné, et maintenant je me retrouve avec trois trucs de l’île de Bretagne.

Les trois trucs, c’est la Human Cannonball de Magic Rock, la NZPA de Hawkshead et la Fraoch Heather Ale 22 des Williams Brothers.

Les Williams Brothers font entre autre dans les bières traditionnelles écossaises. La Fraoch est ainsi une bière à la bruyère callune (heather). La 22 en est la version forte vieillie en fût de xérès ayant servi à maturer du Scotch Whisky Auchentoshan. Bon mélange. Ça tombe bien parce que j’ai eu la chance de déguster une bouteille de sa grande soeur la 20th anniversary, brassée il y a 2 ans, vous devinez, pour célébrer les 20 ans de la brasserie. Je pourrai donc comparer. Je parle au futur parce que non, je ne l’ai pas encore ouvert, j’attends une bonne occasion, avec les bons amis, dans de belles coupes à vin, je me prends pour un aristocrate.

Hawkshead Brewery font ordinairement dans la Real Ale, donc bitter, pale ale, gold, best bitter, etc., les classiques anglais quoi. Mais le brasseur s’adonne aussi à faire dans le plus « excentrique ». Cette NZPA, par exemple, est houblonnée aux cultivars néo-zélandais, ici Nelson Sauvin, Motueka, Riwaka est Green Bullet. Un mélange de fruits de la passion, d’agrumes, et d’à peine de conifères. Combiné à une merveilleuse journée ensoleillée, c’est le paradis. Un corps sec et une finale pas trop amer, juste bien balancé. Nouvelle vague avec élégance!

Et ça ici, c’est la 2IPA de Magic Rock Brewery. Cette brasserie a commencé ses opérations il y a environ un an. Ils surfent sur la nouvelle vague de brasseurs anglais à saveur américaine (quelqu’un peut-il toussé Brewdog dans la salle?). Donc des IPAs et des Pale Ales beaucoup plus houblonnées que la moyenne des bières anglaises. Et c’est bon. Très grande buvabilité malgré les 9% d’alcool. Tout le houblonnage qu’on attendrait d’une 2IPA américaine, mais avec la signature de malts anglais.

De l’importance des échanges

Permettre à des amis de découvrir des coins du monde de bière où ils ne sont pas encore allés. Important, la confiance des participants. Il faut dire qu’à la base, c’était un cadeau sans attente de retour. Je crois que c’est la meilleure façon de pratiquer l’échange international, donner ce que l’on a de meilleur. Enfin, pour moi, ça a donné de bons résultats.

Échange ici

Vous êtes revenu d’un voyage avec trois exemplaires d’une bière, lorsque vous en ouvrez une, vous comprenez que vous n’êtes pas faits pour vous entendre? Vous croyez que les deux restantes pourraient intéresser d’autres personnes? Ne les laissez pas traîner dans votre cave, offrez-les en échange! Groupe Facebook J’t’échange ouvert à tous permettant de proposer des échanges. Très important, ce groupe ne permet pas la revente de bouteilles, il s’agit d’échanges uniquement!

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Pas de Dessert en Angleterre

Ben oui y’en a du dessert en Angleterre, c’est pas ça l’important!

L’important, c’est que les produits de Kernel Brewery of London et de Hardknott sont arrivés au Québec.

Pour souligner le tout, j’organise le 29 mai au pub Brouhaha un souper gastronomique accords mets / bières.

Le menu:

Hardkott – Infra Red & Kernel – Export India Porter
Patte de pieuvre braisée et grillée, risotto d’orge épicé, laitue frisée et huile d’avocat.

Kernel – Export Stout London 1890
Sanglier en croute de noisettes et parmesan, riz sauvage et asperges grillées, demie glace au stout.

Hardknott – Aether Blaec
Tartelette de fromage de chèvre au sel fumé avec compotte de raisins noirs au balsamic et anis étoilée, oignons caramélisés au whisky.

Hardknott – Queboid
Granité de pamplemousse blanc, marmelade d’abricot et splash de Rouge des Flandres.

Kernel – Imperial Brown Stout London 1856
Tataki de magret canard, sauce molé à l’amande fumée et sésame, panais frits et ciboulette chinoise.

Hardknott – Vitesse Noir
Torchon de foie gras mariné à la bière et roulé au café moulu, pain perdu brioché et velouté de champignons sauvages.

Les billets sont en vente au pub Brouhaha. C’est 80$. Ça inclut les taxes, le service, tout le menu en haut, bref, tout inclut. Les places sont limitées. Vous êtes intéressé mais vous ne pouvez pas vous déplacer au pub pour acheter des billets à l’avance? Contactez-moi, on s’arrange autrement!

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L’arrivée dans l’île

Petite mise en contexte. On est arrivée à Londres en janvier 2011. On restait 5 jours avant d’aller s’installer à Leeds dans le Yorkshire. Ce n’est pas encore ici où je vais vous parler des bons spots à bière, mais ça s’en vient bientôt!

L’arrivée à Londres est plutôt abrupte. Je dois avouer que je n’ai pas trop fait de recherche. Je ne sais pas du tout à quoi m’attendre. Je savais que l’Angleterre était un des berceaux de la bière. Je m’imaginais donc le Québec mais en mieux. Des brouepubs partout, pleins de brasseries qui brassent plein de styles de partout dans le monde…   Je m’étais trompé. Je savais que je croiserais de la bière en cask…   Je n’avais jamais imaginé à quel point!

Je tombe rapidement sur des établissements des chaînes J.D. Wetherspoon et Nicholson’s. Oui, des chaînes de pubs. Les deux tentent de préserver l’aspect culturel de leurs établissements, le côté architectural et le respect de l’histoire du pub. Je dois avouer qu’à mon point de vue, Nicholson’s y arrive quand même bien, point de vue de touriste bien sûr. Ses pubs gardent leur nom original, la décoration intérieure et extérieure est très folklorique, du bois partout, des détails, du chrome, du cuivre sur les pompes. Mais bon, dans tout ça, c’est la bière qui m’importe. Dans les bars de ces deux chaînes se trouvent plein de bières en cask, de micro-brasseries ou presque (Fuller’s c’est micro ou pas?). Les seules bières pression que vous y trouverez sont des bières sans intérêt, style Carlsberg et autre. Je bois donc de la bière en cask, tout le temps.

De la bouffe de pub, oui c’est des champignons frits, effectivement ils ont absorbé l’huile et je confirme que ça vous dégouline sur le bord des babines quand vous mordez dedans.

À Londres, il y a des pubs comme au Québec il y a des dépanneurs, sur tous les coins de rue. On y entre, on commande une pinte, on la boit accoté au bar et 15 minutes après on est sorti. Oui la bière anglaise en cask se boit vite comme ça. Pensez-y, pas de bulles et légèrement rafraîchie, il n’y a vraiment rien pour se mettre en travers de elle pis votre bedon. Mais moi je reste plus longtemps. Avec ma blonde on s’assoit sur une des banquettes en bois, on regarde les locaux entrer, ne pas enlever leurs manteaux, s’enfiler une pinte, et ressortir.

C’est l’hiver ici. C’est pas tant froid. Ça veut surtout dire une humidité qui vous creuse les os, qui fait ressortir les vieilles blessures de guerre. Les pubs y ont pensé. Leur solution? Un « mulled wine » bien chaud qui embaume l’air de la place de son odeur chaleureuse. Le tourisme en hiver à Londres, c’est génial.

Nous ne restons qu’une semaine ici avant de prendre l’autobus pour le nord de l’Angleterre, plus précisément Leeds. Je n’aurai pas trouvé un seul brouepub, occupé que nous sommes à visiter les attractions principales et à entrer dans tous les pubs sur notre chemin qui ont l’air sympathiques, ce que nous regrettons rarement. La seule place en lien avec un brouepub où nous aurons mis les pieds, c’est la Porter House. Il s’agit en fait d’un brouepub de Dublin qui s’est ouvert une succursale à Londres. La bière vient donc d’Irlande, est servie pression, dans un décor « Trois Brasseurs ». Ce n’est pas une place incroyable de bière, par contre si vous allez au brouepub original à Dublin alors oui, là, ça devient très intéressant, n’hésitez pas.

Fini Londres pour l’instant, on y reviendra plus tard.

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Cask et conditionnement

J’ai passé six mois de l’année 2011 en Angleterre. Le monde la bière anglaise est fantastique. Je vais vous en parler pour le prochain mois. Avant, il est primordial de faire une petite séance d’information sur les différents modes de service de la bière. Vous voyez, en Angleterre, c’est le cask. Ici au Québec, c’est pas encore tant que ça ça. Donc faut nous expliquer ce que c’est le cask par rapport aux autres modes de conditionnement.

La bière en bouteille
Au moment de mettre la bière en bouteille, le produit est la plupart du temps flatte.

Granite 2010 - Hardknott Brewery

Granite 2010 - Hardknott Brewery

Pour créer les bulles, la façon originale est d’ajouter un sucre juste avant l’encapsulage. Ce sucre va être fermenté par la levure encore présente et transformé en gaz carbonique et en une petite quantité d’alcool. Le fait qu’il reste des levures et du sucre résiduel permet à la bière d’évoluer avec le temps. Maintenant attention, la notion d’évolution est à mettre en relation avec le contenu de la bière. Pour la plupart des bières ça signifie seulement migrer de 1. Pas encore prêt à boire. 2. Prêt à boire. 3. Pu bonne à boire. Pour certaines autres bières le goût évolue réellement et il est intéressant d’ouvrir une bière qu’on a mise de côté dans de bonnes conditions pendant quelques temps. Vous verrez ce procédé identifié parfois sur les bouteilles par « refermenté en bouteille » ou « conditionné en bouteille » ou « bottle conditioned » ou « real ale in a bottle » ou autre chose.

La façon industrielle (celle utilisée majoritairement pour la distribution de masse) est d’ajouter directement du gaz carbonique aux bouteilles. Le produit est donc plus ou moins « mort » en bouteille dans le sens qu’il n’y a pas vraiment d’évolution jusqu’à ce que ça ne soit plus bon. Je dois avouer que je doute un peu de la véracité de la dernière phrase parce que j’ai eu vent de produits qui n’étaient pas « conditionné en bouteille » mais dont la capacité d’évolution était quand même observée par plusieurs. Je laisse donc à la discrétion de chacun d’entre vous de penser ce que vous voudrez ben.

 

La bière en cask

À la fin de la fermentation en cuves, la bière est mise en tonneaux de métal, les casks, le tout sans filtration. (Précision, les brasseurs anglais calculent normalement le moment exact où la bière doit être mise en cask, pour qu’il continue de s’effectuer une légère fermentation dans le baril. Beaucoup d’autres brasseurs ajoutent du sucre pour recréer cette légère fermentation.) Sans gaz carbonique ajouté, la bière servie est ainsi plutôt flatte. La seule exception est lorsqu’un cask est fraîchement « percé », les verres qui en sortiront les premiers auront une légère effervescence, mais sinon, c’est flatte, pas de bulles.

Pompes du Marble Arch à Manchester

Sans pression dans le baril, la bière doit donc être pompée jusque dans votre verre. Un petit gadget, le « sparkler », est aussi parfois ajouté au bec de la pompe et permet d’aérer la bière pour lui donner une texture crémeuse. Certain non-initiés peuvent confondre cela avec le conditionnement à l’azote (façon Guiness). Le sparkler n’est pas apprécié partout. Il est utilisé en majorité dans le nord de l’Angleterre. Les « real ale drinkers » du sud prétendent que l’usage de ce gadget concentre le goût dans les premières gorgées de la pinte et en dénature ainsi le reste. Je suis de leur avis. Le cask peut être servi directement du baril par un petit robinet. Le service du cask se fait à la température du cellier du pub, ce qui varie grandement d’un établissement à l’autre, ça passe de tiède à froide. Pour finir, un truc à se rappeler en territoire du nord de l’Angleterre : si le serveur vous offre votre pinte avec un gros collet, n’hésitez pas à la lui retourner pour qu’il la remplisse de liquide et non pas de bulle! En fait, vous la laissez sur le comptoir et il la remplira sans même que vous disiez un mot!

La bière poussée à l’azote

On parle de la méthode « Guiness », vous voyez? Ou pensez à une bonne Péché Mortel poussée à l’azote! Je n’ai jamais vu de bière micro-brassée poussée à l’azote en Angleterre. Vous n’apprendrez donc rien à ce sujet ici.

La bière pression

C’est la principale façon de dispenser la bière chez nos brasseurs québécois. Il y a donc mise sous pression du baril à l’enfûtement, sois par ajout de sucre, encore, ou par injection de gaz carbonique. Au service, une bonbonne de gaz carbonique pousse la bière hors du baril dans les tuyaux jusque dans votre verre. Les micro-brasseries anglaises n’utilisaient presque pas cette méthode jusqu’à récemment, quand des brasseurs comme Meantime Brewery et Brewdog ont développé ce créneau. Aujourd’hui, grâce à l’arrivée des Keykegs et de l’investissement moins élevé que cela nécessite, quelques brasseurs ont commencé à utilisé cette méthode et distribuent des produits micro-brassés anglais avec des bulles!

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Le premier des anniversaires… de l’Albion

L’Albion est un brouepub de Joliette spécialisé en reproduction de bière de style anglais. Je suis un chroniqueur qui revient d’un séjour de six mois en Angleterre. L’Albion fêtait son premier anniversaire le 26 novembre dernier. J’ai fêté mon anni… euh non, arrêtons les comparaisons.

L'Albion, Joliette

Pour son premier anniversaire, L’Albion s’est payé un petit trip. Ils ont reproduit une recette de bière de 1839, une méchante East India Pale Ale, présente dans le livre « Hops and Glory: One man’s search for the beer that built the British Empire » de Pete Brown, un célèbre chroniqueur de bière anglais. Ils ont aussi reproduit le voyage que celle-ci devait faire à l’époque pour être livrée dans les colonies. Pour ce faire, ils ont laissé la bière reposer dans un baril de chêne auquel ils ont appliqué les conditions d’un voyage en bateau de trois mois (le temps de l’Angleterre vers les Indes), c’est-à-dire des températures extrêmes et le mouvement de la houle. Pour rendre l’exercice encore plus attrayant, ils ont distribué le même brassin dans deux autres contenants aussi: un cask de métal subissant les mêmes conditions extrêmes que le baril de bois et un keg normalement disposé, destiné à être le témoin du caractère de la bière originale sans condition extrême.

L’expérience était très enrichissante. Pour la bière ayant séjourné en baril de chêne, et par la suite conditionnée trois mois en bouteille, on parle d’un bois très intense, presque asséchant, et d’une madérisation prononcée. (Je dis « on parle » parce que je n’y ai pas personnellement goûtée, les bouteilles s’étant envolées bien avant mon arrivée. Quelle tristesse.)

J’ai eu la chance d’avoir un verre des deux autres. La version témoin, non altérée, offerte en fût offrait un profil de blonde forte à la finale intensément amère. C’est normal, en 1839, une bière qui voulait prétendre survivre à un périple Angleterre – Indes se devait d’être forte en alcool et fortement houblonnée, le houblon étant un préservatif naturel.

L’autre version malmenée en cask de métal, et servie par gravité, était assez particulière. Cela m’a pris quelque temps (au moins un demi-verre) avant de retrouver la référence dans ma banque de goût mentale, c’était un goût que je n’avais jamais associé à la bière auparavant: celui du vin jaune.

[Interlude]
Le vin jaune est un vin blanc de la région du Jura en France. Sa principale caractéristique vient de sa technique spéciale de vieillissement en baril de chêne. J’explique: normalement, lorsque l’on fait vieillir un vin en baril de chêne, il y a une certaine partie d’alcool qui s’évapore par les pores du bois. C’est pourquoi les vignerons font de l’« ouillage », c’est-à-dire qu’ils ajoutent du vin pour compenser la partie évaporée et ainsi s’assurer que le vin ne s’oxyde pas trop rapidement. Les Jurassiens eux, avec leur vin jaune, n’ouillent pas le vin, et laissent vieillir le tout pendant 6 ans et 3 mois. Sur la surface du liquide dans le baril se crée une couche de levure, appelée « voile », qui atténue l’oxydation et donne un goût et une odeur typiques au produit, un mélange d’oxydation, de noisettes, de plein d’autres choses.
[/Interlude]

Je crois que c’est la partie oxydée du vin jaune qui me rapprochait le plus de cette IPA vieillie en cask de métal. C’était en soi toute une expérience, pas désagréable du tout.

Moi qui est gêné de prendre des photos, ça donne ça.

Je ne peux finir cet article sans parler d’une autre de leurs bières. L’Albion, on l’a dit, se spécialise en ales de type Anglaise. Entre leurs délicieuses bitter, mild, porter, etc. se retrouve quelque chose de très spécial et je crois unique au Québec: une gruit ale. Ce type de bière est en fait ce qui se brassait avant que l’on découvre et utilise les propriétés aseptisantes et amérisantes du houblon. Le « gruit » était le mélange d’herbes que l’on ajoutait au moult de la bière pour l’aromatiser. Chaque brasseur avait son propre « gruit » ou allait s’approvisionner à l’abbaye la plus proche qui pouvait vivre un peu ainsi de la vente de son « gruit ». (Petit cours d’histoire gracieuseté de Alain Thibault, homme-orchestre, conseiller en bière au Balthazar Centropolis; ceci n’est pas une publicité gratuite, c’est un remerciement!) La gruit ale de l’Albion s’appelle Ealath. Oui un profil herbacé, mais surtout une bouche surette. Pas le même surette qu’une gueuze peut être. J’ai compris seulement le lendemain à quel surette ce surette faisait référence: le surette d’un kombucha. Vraiment, le même type d’acidité vinaigrée, mais quand même ronde que cette boisson développe. C’est bon, c’est différent, c’est unique. Je ne sais pas si cette acidité est tant voulu, il faudra que je parle avec le brasseur un de ces quatre, mais je sais que ça mérite d’être développé! Et je sais surtout que ça et leurs autres bières méritent un bon détour par Joliette!

(Bon, je vous laisse avec une dernière explication: qu’est-ce que le kombucha? C’est une boisson à base de thé sucré, fermentée avec différentes levures et bactéries réunies en un « symbiote », qui donne un liquide légèrement pétillant, au goût acide et fruité. À acheter dans votre magasin d’aliments naturels le plus proche si vous voulez essayer.)

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N’importe lequel jeu de mot poche avec « brun »

Ça faisait plusieurs mois que je regardais ces bières dans ma réserve en ayant hâte de les ouvrir.

Je vous explique. Au printemps 2011, j’ai passé 6 mois en Angleterre. J’ai arpenté une partie du pays en quête de bonnes bières (en réalité, j’étais là pour mes études, mais ça, c’est accessoire). Lorsque mon beau-frère est venu nous rejoindre à la fin du voyage, je lui ai demandé de m’emmener une Corps Mort de À l’Abri de la Tempête et une Péché Mortel de Dieu du Ciel. Je les ai offertes au Ghost Drinker, un gars de Leeds qui travaille dans un des meilleurs magasins de bière d’Angleterre, le Beer Ritz, et qui blogue sur la chose de la bière. (D’ailleurs, le gars a parlé de ces deux bières québécoises sur son blogue, et oubliez son intro svp, je ne suis pas « gros », même pas « enrobé »). En échange, il m’a donné deux trucs qui trônaient sur ses tablettes: une Ola Dubh de Harviestoun vieillie en fût de scotch whisky Highland Park 40 ans et une Imperial Brown Stout de la Kernel Brewery de Londres. Ils appellent ça un « beer swap ». Imaginez, je ne pensais pas recevoir rien en échange, je voulais juste lui donner de bons trucs québécois parce que les seules bières canadiennes auxquels ils ont accès depuis quelque temps, ce sont les produits Moosehead… triste… oh oui. (Dieu du Ciel, where you at?) J’étais donc tout excité quand Ghost Drinker m’a donné ces deux bières.

Ghost Drinker: – There… youre stuff look like big beers. This one and this one should do.
Moi: – What’s that for?
– It’s a beer swap, you bring me some, I give you something in exchange.
– What? Jesus! Yeah!

J’ai rapporté ces bières au Québec. Le concept c’est que je devais les ouvrir en présence du beau-frère parce que c’est grâce à lui que je les possède (oh oui possède). On a donc ouvert ça un soir de week-end récemment. Comme nous allions être plus que juste moi pis le beauf, j’en avais aussi profité pour apporter quelques petits trucs qui traînaient dans mes affaires pour accompagner les deux bouteilles. Ce fut une soirée sous le thème du brun.

oui oui, le flash, je sais

Ça commence avec la McKraken Flower vieillie en fût de chêne de la brasserie Bilboquet de St-Hyacinthe, une scotch ale au miel. Je ne sais pas s’il en reste sur les tablettes des détaillants, si oui, achetez. C’est la bouteille officielle des prochaines froides nuits d’hiver. Un corps pas trop lourd, présence d’alcool marquée, et du chêne, du chêne. Il y a beaucoup de chêne dans cette bière, mais ne vous inquiétez pas, ce n’est pas trop, c’est juste beaucoup. Servie pas trop froide s’il vous plaît. Elle réchauffe le coeur. Imaginez-vous étendu sur une peau d’ours à côté d’un foyer jouant une partie d’échec avec un ou une aristocrate, rien de moins. Lorsque vous rentrerez à la maison après avoir joué toute la journée dans la neige avec les amis (ou dans la slush brune, Montréal je veux vous entendre crier), c’est cette bouteille qu’il faudra partager. Je répète, température chambre froide, pas plus froid, pour qu’elle vous réchauffe les tripes.

L’Imperial Brown Stout de la Kernel Brewery de Londres (je vais vous parler de cette brasserie une autre fois, soyez rassurés) est arrivée dans nos verres après. De la matière, c’est important. Je la mâchais, mais délicatement, c’était soyeux. Imaginez la texture d’un chocolat chaud, un vrai chocolat chaud, mais changez le goût par du café, pas corsé, un goût velouté. Même la mousse était une mousse de cappuccino. Une texture incroyable, un goût exquis. Ça venait en petite bouteille. Il y en avait une. Nous étions huit mille. Mauvais ratio…

Qu’est-ce qui peut se passer après ça? L’ouverture d’une autre petite bouteille, mais qui vient dans une boîte celle-là, la Harviestoun. Une grosse bière brune très foncée de 8% vieillie en fût de Highland Park 40 ans. Levez la main ceux qui ont goûté au Highland Park 40 ans? Bon rapidement, un vieux scotch après 20/25/30 ans de vieillissement en baril prend des goûts caractéristiques auxquels on est moins habitué, nous, le peuple, parce qu’on est pauvre. Des goûts de truffe, de doux cuirs, de moisissures qu’on apprend à aimer, ça varie d’un scotch à l’autre. La Ola Dubh 40, c’est un peu de rôti, très légèrement de chocolat vanille, une complexité de truffes et de chaussettes sales (ok parenthèse, arrêtez-vous un instant, deux choses: 1. ce côté chaussettes sales ici est positif, comme un vieux fromage vous comprenez; 2. cette complexité est très effacée et subtile comparée aux notes plus dominantes de « noire en baril = café + chocolat + vanille »; voilà, continuez). Ce n’est pas corsé, ce n’est pas chargé, c’est limpide. Ce milieu de bouche nous permet d’apprécier la profondeur des arômes. C’est là toute la qualité de la Ola Dubh, avoir réussi à offrir un juste milieu entre la noire standard et l’impériale pour que la bière s’imprègne de ces juteux barils et délivre le tout à notre palais sans être masquée par la matière.

La dernière bière est un accident (oui dans une bouteille de Grande Armada Réserve de Benelux, bravo aux deux geeks en avant ici qui l’auront reconnue, mais attention, ce n’est pas du tout ce qu’il y a dedans!). Quelqu’un qui se présente dans la chambre froide et choisit la mauvaise bouteille. Dans nos verres, un truc qui se situe entre une porter légère et un black IPA. Ouais, c’est plus rafraîchissant que les derniers trucs, plus d’acidité, pas mauvais, mais sans aucune complexité ou profondeur quelconque. En fait, ça n’a rien à voir dans cette soirée-là. Cette bière, c’était ma dernière création, en fait ma première bière brassée tout grain et la première qui soit buvable et agréable. Voilà, c’était un accident, fier quand même que le monde présent soit plus enthousiaste que réticent! Mais je n’en parlerai pas comme j’ai parlé des autres, ce n’est pas le but ici. Je me la pète un peu, mais pas trop.

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